Au bonheur des butineurs

Depuis quelques semaines, dans mon village, les journées sont rythmées par le ronronnement incessant des tondeuses à gazon. Le broyage destructeur de ces outils indispensables à la plupart des propriétaires de parcelles ne laisse aucune chance aux fleurs sauvages. Après leur passage, seul le vert uniforme d’une herbe rase sculpte le paysage. Tant pis pour les fleurs de pissenlit au jaune éclatant ou pour les flamboyants coquelicots qui commencent à s’installer dans les coins … 

Et surtout tant pis pour les butineurs qui iront voir ailleurs !

Le jardin étant l’un des derniers espace de liberté, chacun peut le concevoir selon ses goûts. Loin de moi l’idée de critiquer les adeptes de l’uniformité ! Cependant, plus personne ne peut ignorer l’effondrement de la biodiversité ordinaire dont celle des pollinisateurs qui nous rendent de précieux services écosystémiques. Menacés d’extinction, ils sont les garants de notre sécurité alimentaire car nécessaires à la reproduction de presque toutes les espèces cultivées. Aussi, les fleurs sauvages, comme le pissenlit, assurent le garde-manger à une multitude d’insectes et ont l’avantage de fleurir tôt … 

Ce qui est une manne pour les butineurs qui émergent et sont à la recherche de précieuses sources de pollen et de nectar. 

Les espaces naturels étant partout en régression, ceci provoque une raréfaction voire une disparition de nombreuses espèces animales et végétales. Ré-ensauvager son jardin en réservant des espaces, même petits, aux pollinisateurs permet d’agir à son niveau pour la nature 

De simples bandes d’herbes le long des haies, des murets ou des coursives peuvent devenir de merveilleux corridors écologiques. Et surtout, inutile d’intervenir car les plantes sauvages s’installent d’elles-même !

Vous pouvez également aider la nature en achetant des sachets de graines mellifères. En veillant, bien entendu, à choisir des mélanges de fleurs adaptés à votre sol et votre climat. Généralement, ces sachets proposent des variétés de plantes assez courantes dans nos régions comme le coquelicot, la phacélie, la bourrache ou le trèfle. Ces mélanges très riches en pollen et en nectar attirent les papillons, les abeilles domestiques

mais aussi les abeilles sauvages qui ont tendance à disparaître de nos campagnes …

ainsi que la plupart des pollinisateurs.

Dans notre jardin, les quelques graines de bourraches semées il y a quelques années sont devenues de magnifiques massifs qui font le bonheur des bourdons et des abeilles. Les bourraches se mélangent allègrement aux lunaires, crépides et orties qui poussent spontanément. 

Considérées à tort comme des « mauvaises herbes » les orties offrent le gite et le couvert à une multitude d’espèces de papillons qui ne pourraient pas exister sans elles. Les femelles y pondent leurs oeufs et les chenilles s’en nourrissent. Des chenilles qui deviendront ensuite de magnifiques papillons comme le Paon du Jour. 

Chaque jardin peut ainsi devenir un refuge où la nature à sa place. Un lieu accueillant et coloré pour le plus grand bonheur des butineurs et des jardiniers ! 

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